Auteur(e) :Quentin Parisis
En difficulté dans le championnat de la PLC, le Pacific FC est à la recherche du rebond pour accrocher une place dans les séries. Il peut compter en cela sur Yann Toualy, qui s’est mué ces derniers temps en buteur providentiel. Une belle réussite pour ce joueur au parcours atypique.

Il est des surnoms qui révèlent parfois l’impact sur le terrain et la personnalité en dehors. “Chef” est celui attribué à Yann Toualy, l’attaquant du Pacific FC, en pleine réussite ces derniers temps.

« Dans ma mentalité, ma façon de voir les choses, je veux être un “boss”, dit-il dans un grand sourire. Maintenant, même parmi mes amis ou dans ma famille, on m’appelle Chef, Chef Toualy, Chef Toutou! »

On pourrait s’amuser de ce sobriquet si les dernières performances de “Chef Toualy” ne lui donnaient pas raison.

Longtemps à la peine offensivement, le Pacific FC a connu une petite amélioration, si l’on excepte le jeu blanc encaissé face au Forge FC lors du dernier match.

Lors des deux rencontres qui ont précédé celle face au Forge FC, les Tridents ont marqué sept buts. Yann Toualy a marqué quatre de ces sept buts, alors que le Pacific FC n’en avait inscrit que 8 lors des 12 premières journées de la PLC.

« Sur le terrain, j’ai des qualités et je sais que je dois faire la différence. J’estime que je dois apporter à l’équipe et que c’est ma responsabilité de porter l’équipe. J’ai toujours eu cette mentalité-là », dit-il.

Arrivé début avril à la suite d’une pige de quelques mois dans le championnat de Chypre du Nord, un passage à Vermont Green en USL II et au CS Saint-Laurent où il a fait partie de la fameuse épopée en Championnat canadien, Yann Toualy s’est imposé ces dernières semaines dans le 11 titulaire de James Merrinam.

« Quand tu arrives, bien sûr, tu as des choses à prouver, mais je n’ai pas cherché à changer ma façon d’être. Je suis un gars “bon délire”, je veux prendre du plaisir à jouer, je respecte les gens, je travaille et je me suis toujours dit que mon moment allait arriver », explique-t-il.

« Pour mon premier match titulaire, contre York, malheureusement on a perdu, mais j’ai fait un bon match à titre individuel. Dans ma tête, j’avais brisé la glace. C’était important de faire bonne impression », dit-il.

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Toute une histoire

Ce contrat et cette réussite sont le fruit d’un long parcours et de plusieurs rendez-vous manqués avec le monde professionnel.

Bien avant l’épopée en Championnat canadien avec le CS Saint-Laurent, Yann Toualy a eu des touches avec des équipes, mais le timing, les blessures ou des essais peu fructueux ont eu raison de son envol chez les pros.

« À l’été 2022, avec Saint-Laurent, tout se passe très bien, je vole sur le terrain, débute-t-il. Je suis allé m’entraîner avec l’Atlético Ottawa et c’est là que j’ai compris que si je continuais, je pouvais passer pro. J’ai obtenu des essais avec le Toronto FC II en MLS Next Pro. On devait signer, mais finalement ça ne s’est pas fait. Je suis reparti avec Saint-Laurent pour une saison et le TFC II m’a finalement proposé un contrat en fin de saison pour trois mois avec une possibilité de prolonger. Malheureusement, je me suis blessé et le temps de guérir, je n’aurais joué que deux matchs. Ça ne s’est pas fait. J’ai eu des essais avec Détroit en USL, mais ça ne s’est pas bien déroulé. Je suis revenu à Saint-Laurent, l’année du Championnat canadien”, explique-t-il.

Après cette épopée et conscient d’avoir fait le tour de la question dans la Ligue1 QC, Yann Toualy fait un passage à Vermont Green en USL II pour quelques mois, avant de partir pour Chypre du Nord.

Il rejoint ce championnat assez improbable, non reconnu par la FIFA en raison de la situation politique dans cette partie de l’île chypriote, mais il n’y reste pas bien longtemps.

Il comprend vite que la destination n’ouvre pas à un destin doré. « J’y ai beaucoup appris, dit-il. Ça m’a forgé, même sur la vie en général, et j’en suis revenu plus fort. »

Peu après les congés de Noël 2024, il se libère de son contrat, revient à Montréal et pense repartir avec Saint-Laurent avant de creuser d’autres pistes. Le destin se charge cependant de lui donner une autre trajectoire.

Alors qu’il s’est trouvé un petit boulot en attendant, son téléphone sonne et son agent lui indique que Pacific est intéressé. Il prend immédiatement un avion pour l’île de Vancouver, sans même que sa mère soit au courant.

Il participe à un match intra-équipe et Jamar Dixon, le directeur sportif du club, est vite convaincu. Le contrat arrive dès le lendemain et le reste appartient désormais à l’histoire. Yann Toualy doit désormais en écrire la suite.