Auteur(e) :Quentin Parisis
Attaquant redoutable et personnage atypique, l’avant-centre du Cavalry, Tobias Warschewski, continue d’empiler les buts, tout en plaçant le plaisir de jouer au premier plan. Un plaisir qu’il a retrouvé au Cavalry, après être passé proche de mettre un terme à sa présence sur les terrains.

Tobias Warschewski est un attaquant que toutes les équipes de la PLC rêvent sans doute d’avoir dans leur effectif.

Le colosse qui culmine à 1 mètre 88 est un attaquant de première classe. Meilleur buteur de la ligue en 2024, buteur en finale face au Forge FC, le géant allemand est reparti sur des bases similaires en 2025.

Après 10 journées de championnat en 2025, il a déjà inscrit 5 buts et distribué 3 passes décisives, en plus d’un but en deux rencontres de Coupe des champions de la Concacaf et de deux buts en deux matchs de Championnat canadien. 14 matchs, 8 buts, 3 passes décisives en 1175 minutes sur le terrain, on peut affirmer que le compte est bon.

Pourtant, il le reconnait, il n’est pas le joueur le plus facile à gérer. Il a cependant trouvé en Tommy Wheeldon Jr un coach capable de le canaliser.

« Je suis très compétiteur et très émotif, très agressif, parfois trop. Il arrive à me contrôler, dans le bon sens du terme. Ça fonctionne, comme ça fonctionne bien avec mes coéquipiers. Avec Ali Musse, par exemple, on se connait bien désormais, je sais ce qu’il va faire et il sait où je vais aller. Tout est une question de relationnel, de confiance », explique-t-il.

Personne entière, Tobias Warschewski refuse de faire certaines concessions, de mettre à mal son équilibre de vie pour assouvir une ambition.

« J’ai besoin d’avoir du plaisir en jouant », dit-il. « C’est un élément central dans mon parcours. Bien sûr, le football est du business et tout n’est pas comme quand tu es jeune et que tu ne joues que par plaisir. Ça peut être compliqué parfois, il faut se battre pour un contrat, mais je ne veux pas perdre ce sourire. Il m’est arrivé de prendre un pas de recul par rapport au soccer, justement pour cette raison », explique-t-il.

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Un joueur qui voulait jouer au Canada

Tobias Warschewski a été formé en Allemagne, à l’Eintracht Dortmund, un club local qui vit dans l’ombre du géant du Borussia. Certains joueurs de renom, comme l’international allemand Lars Ricken ou la vedette de la NASL et du Sting de Chicago des années 70, Karl-Heinz Granitza, y ont fait leurs classes.

À son arrivée au Canada en 2021, Tobias Warschewski a tout juste 23 ans et, en dehors d’un statut d’international allemand U19, il n’a que peu de références.

Il pose ses valises à Edmonton. L’entente vaut pour deux saisons, mais c’est en réalité le point de départ d’une histoire d’amour professionnelle avec le Canada.

« Je suis arrivé au Canada par l’intermédiaire d’un ami, Julian Ulbricht, qui a joué à York United et au FC Edmonton. Il était déjà ici et il m’a mis en relation avec un agent, qui trouvait mon profil intéressant. Je ne prenais plus beaucoup de plaisir en Allemagne. J’étais prêt à totalement “switcher”, découvrir un nouveau pays, une nouvelle expérience. C’était un grand changement pour moi, car je ne parlais vraiment pas bien l’anglais, j’étais loin de la famille et des amis, mais j’ai décidé d’essayer après quelques semaines de réflexion. Edmonton cherchait un attaquant et il disposait encore d’une place internationale. C’est ainsi que les choses se sont faites. Edmonton a été l’une des meilleures périodes de ma vie. C’était la première fois que je venais au Canada, j’ai découvert beaucoup de choses nouvelles, j’ai beaucoup de bons souvenirs, différents de ceux de Calgary… où les victoires sont plus nombreuses! (Rires) Je suis très reconnaissant. J’ai pris un risque, mais cela m’a transformé en tant que personne », explique-t-il.

En deux saisons et 51 matchs de la PLC à Edmonton, il inscrit 12 buts et réalise 14 passes décisives. Son premier but est symbolique : il inscrit un retourné acrobatique après un contrôle de la poitrine en extension. Un but d’anthologie qui marque les esprits et annonce la suite.

Le Canada découvre un attaquant complet, capable de marquer, de passer, de participer au jeu et de défendre. Il clôt ses deux saisons au premier rang du championnat en termes de duels remportés en 2021 (201 duels) et 2022 (197). Il obtient le plus grand nombre de fautes subies du championnat ces deux années-là, avec 66 unités pour chacune des saisons. Il s’avère être le meilleur en termes de dribbles réussis en 2021 (62), terminant deuxième la saison suivante.

Il est un grand gabarit, mais dispose d’une bonne technique. Il est puissant et il est capable d'enchaîner les courses défensives. Il est un joueur qui aime aussi se positionner un cran plus bas pour répondre aux exigences collectives. Et bien sûr, il marque des buts. Beaucoup de buts. En somme, son profil est rare.

Pourtant, à la disparition du FC Edmonton, Tobias Warschewski disparaît lui aussi de la circulation. Il ne joue pas tout au long de la saison 2023.

“Je ne tenais pas à m’arrêter cette année-là”, explique-t-il. « Mes agents voulaient que je revienne en Allemagne, j’avais quelques offres, mais ce que je voulais, c’était simplement de m’amuser dans le foot, être heureux. Je voulais revenir en Amérique du Nord. Cependant, le temps que cela se fasse, les effectifs étaient déjà complétés, les places internationales étaient occupées. J’ai pris le risque de ne pas signer en Allemagne durant l’été, en espérant qu’une opportunité se présente en Amérique du Nord, mais cela n’a pas été le cas. C’était un peu ma dernière chance quand Tommy m’a contacté”, reconnait-il.

Le Cavalry, qui a besoin d’un attaquant après le départ de Myer Bevan, jette son dévolu sur celui qui œuvrait chez l’ancien voisin albertain.

« J’ai un peu menti en lui disant que j’étais en pleine forme », explique Warschewski, dans un grand éclat de rire, avant d’admettre, plus sérieusement que « sans son appel, [il aurait] probablement arrêté de jouer. »

Depuis cette année,Tobias Warschewski n’occupe plus de place internationale. Une modification des réglements de la PLC permet à tout joueur ayant signé un contrat avec un club au cours de trois saisons de championnat, ou à tout joueur résidant au Canada depuis au moins trois ans, d’être considéré comme joueur local.

Cette règle a été mise en place pour récompenser certains joueurs internationaux qui ont fait preuve d'un engagement significatif envers la ligue. La description même de Tobias Warschewski.