Wesley Timotéo n’est pas le joueur qui fait le plus de bruit au sein de la PLC. Il est pourtant devenu une valeur sûre au sein de la ligue.
Arrivé en 2022 à Halifax avant d’être prêté pour la saison au FC Edmonton et de revenir dans les Maritimes, Wesley Timotéo approche désormais les 100 matchs professionnels en PLC. Il y connaît un certain succès puisqu’il a distribué 14 passes décisives et a inscrit 4 buts. Un bilan très honorable pour le défenseur latéral.
Cette année ne fait pas exception. Le joueur de 25 ans a systématiquement obtenu une place de titulaire. Après 14 matchs et 1254 minutes toutes compétitions confondues, il obtient 1 but et 2 passes décisives.
Il affirme son rôle prépondérant dans une équipe qui pointe à la 4e place de la PLC.
Cela dit, pour en arriver là, il a emprunté un parcours dans lequel peu de joueurs s’engagent.
Après avoir débuté le soccer dans le club local de Panellinios, il intègre l’Académie de l’Impact de Montréal, mais il n’y reste qu’un an.
« Un ami de la famille m’a proposé d’aller jouer un tournoi en Suède pendant les vacances, avec un petit camp de préparation au Portugal, mais l’Académie a refusé. Avec ma famille, on n’avait pas trop aimé ça », explique-t-il.
Il passe outre les demandes de l’Académie, en acceptant les potentielles conséquences. Auteur d’un bon tournoi, l’ami de la famille lui indique qu’il pense pouvoir lui trouver une académie au Portugal.
« J’ai pris mes affaires et à 14 ans je suis parti là-bas. J’ai fait des essais dans plusieurs clubs, dont le Sporting et Benfica, et c’est avec mon essai au Benfica que j’ai été référé à Belenenses », explique-t-il.
Les deux clubs travaillent régulièrement ensemble et il intègre l’Académie de Belenenses, un club bien connu du championnat portugais.
Le Portugal, la pandémie, puis Chypre
Pendant deux ans, étant mineur, il ne peut pas jouer de matchs, mais il s'entraîne normalement avec les autres jeunes de l’Académie. Il apprend aussi à vivre loin de la famille, beaucoup plus tôt que les autres jeunes de son âge.
Bien qu’il parle le Portugais et que les études se poursuivent bien, il doit composer avec un nouvel environnement, une autre culture, mais aussi une réalité du foot très compétitive.
Ce qui lui a permis d’intégrer l’académie du club va bientôt le desservir.
« J’étais capitaine en U19, je joue, mais le club reçoit 4 joueurs en prêt de Benfica, dont un à mon poste. Je commence par moins jouer et je ne joue plus en décembre. J’avais besoin de jouer, car c’était ma dernière année avant de faire le saut en pro. Estoril me connaissait, c’était aussi à Lisbonne. J’espérais pouvoir intégrer leur équipe U23 à la fin de la saison, car il y a une ligue spécifique pour cette catégorie d’âge, mais on m’a plutôt proposé la réserve. Ça commençait bien, mais le Covid est arrivé. »
Il passe la pandémie à la maison, à Montréal, pendant six mois. Le timing tombe mal puisque c’est à la sortie de la formation que les destins professionnels se jouent. Le doute s’installe, même si la proximité avec la famille lui fait beaucoup de bien.
Il retourne au Portugal quand le monde rouvre, s'entraîne avec une équipe de 4e division pour reprendre le rythme.
Un contact lui offre finalement un débouché à Chypre. Il n’a aucune idée de là où ça se trouve, mais il n’a pas vraiment d’autres perspectives et il est charmé par l'environnement méditerranéen, la beauté du pays.
Il signe en D2 et malgré la réputation parfois sulfureuse d’un championnat où les malversations financières font souvent les manchettes, tout se passe bien… du moins pendant la saison.
« J’étais logé à l’hôtel à 2 minutes de la plage, j’avais une voiture, le salaire était réglé, il y avait beaucoup de Brésiliens et de Portugais, donc l’adaptation a très bien été. J’avais une option à mon contrat et les conditions pour la lever étaient atteintes, mais j’ai reçu un message des dirigeants à l’entre-saison disant que de nouveaux dirigeants arrivaient et voulaient changer l’effectif. Je n’ai même pas essayé d’obtenir mes salaires, j’ai laissé de côté et je me suis penché sérieusement sur la PLC », explique-t-il.
Un décollage pour Edmonton et une maison à Halifax
En plein mois de juillet, il sait que les chances d’obtenir un contrat sont faibles. Il reprend alors un billet d’avion pour le Portugal afin de se maintenir en forme au sein d’un club de 5e division jusqu’en décembre.
Il garde contact avec différents joueurs qui évoluent en PLC en visant l’entre-saison hivernale. La mondialisation du football joue lui fait alors un petit clin d’œil.
« J’avais joué avec un Canadien, un ancien joueur de Valour, Tyler Attardo, à Chypre. Il m’explique que son ancien agent peut m’aider à entrer dans la PLC. J’ai passé deux semaines d’essai à Edmonton et j’ai signé », explique-t-il.
Il pose ses valises à Edmonton, mais, le club étant en difficulté, il signe plutôt officiellement avec Halifax, qui l’envoie en prêt en Alberta pour la saison.
Sa saison est concluante et les contacts sont maintenus avec Halifax. Ses performances sont suivies et appréciées. À la fin d’une saison difficile d’un point de vue collectif, mais positive sur le plan individuel, il finit par poser ses valises dans les Maritimes en 2023, aboutissant à la réussite qu’il connait aujourd’hui.
« Halifax, c’est ma maison maintenant! Je me sens bien. Les fans sont incroyables, la ville est très bien, en plus on joue sur terrain naturel, c’est un gros plus. Je suis bien ici », dit-il.
Une dernière question se pose : regrette-t-il d’avoir joué ce tournoi alors qu’un parcours beaucoup plus linéaire et simple aurait été envisageable en restant à l’Académie de l’Impact?
« Je distingue le volet du football et celui de la vie menée. Côté foot, j’aurais eu un autre parcours et je me demande parfois où j’aurais fini en ayant fait le parcours complet à l’Académie. Peut-être aurais-je été en équipe 1e, peut-être pas. Mais sur le côté expérience de vie, rien ne vaut ce que j’ai vécu. Partir à 14 ans m’a permis de vivre des choses inoubliables. Ça, je ne changerais rien, mais côté football, peut-être », dit-il.
La plénitude atteinte à Halifax lui permet vraisemblablement de chasser les quelques doutes à ce sujet.