Le Supra. Un nom qui résonne forcément chez les amateurs de soccer montréalais, du moins parmi les férus d’histoire ou ceux dont l’âge est proche ou dépasse la cinquantaine. Actif à Montréal de 1988 à 1992, le Supra va revivre dès 2026 dans la Première Ligue Canadienne.
Le fruit d’un « travail de 5 ans » pour Rocco Placentino, devenu de plus en plus concret depuis 2023 et au fil des derniers mois.
« Ça a été un chemin rempli de hauts et de bas pour arriver jusqu’ici, mais pour nous, ce n’était pas un simple désir, c’était un véritable besoin pour notre province. Je le dis depuis longtemps. Je suis impliqué dans le soccer amateur depuis 13 ans et la quantité de talent qu’on a au Québec chez les jeunes joueurs de soccer est incroyable. J’ai continué à me battre jusqu’à aujourd’hui et honnêtement, c’est un peu irréel d’annoncer qu’on a une équipe de PLC dans notre province, c’est incroyable. On est vraiment très, très heureux », explique le président du Supra.
Impliqué au CS Saint-Laurent, qui a ouvert la voie à de nombreux joueurs professionnels, dont les têtes d’affiche Moïse Bombito et Ismaël Koné, Placentino veut désormais offrir les mêmes opportunités à toute la province.
Partant du constat qu’il y a « trop de talent pour seulement un club », Placentino a vu au fil des années au sein du CS Saint-Laurent et du soccer québécois « beaucoup de joueurs qui ne réussissent pas à entrer dans le seul club professionnel de la province (Le CF Montréal, NDLR), qui se perdent et n’arrivent pas à faire carrière dans le soccer. »
Pour ces joueurs, le besoin était là et le Supra vient combler cette carence.
Avec un tel constat, les joueurs locaux vont constituer « plus que l’ossature » de l'effectif. « C’est une équipe faite par nous, pour nous, insiste le dirigeant. Une équipe pour le Québec. C’est quelque chose qui me tenait à cœur et quand j’ai quelque chose en tête, je ne lâche pas. On va clairement bâtir cette équipe avec des joueurs du Québec. On croit qu’on peut être compétitif en PLC avec des joueurs québécois. Il y a déjà plusieurs joueurs québécois en PLC, beaucoup de bons joueurs en Ligue 1 Québec et encore plus dans les clubs amateurs de la province. Ce sera un mélange de très jeunes joueurs, de jeunes joueurs prometteurs, et, espérons-le, de quelques bons vétérans de la ligue. »
Les dirigeants du Supra vont s’asseoir « avec tous les clubs dans les premiers mois, mais aussi avec Soccer Québec pour bien expliquer le projet. »
L’esprit communautaire du Supra
Le Supra des années 80 s’est bâti sur un principe communautaire et une partie de cet état d’esprit va se retrouver dans sa version du XXIe siècle.
« J’avais 6 ou 7 ans quand le Supra jouait au Stade Claude-Robillard. Ce qui m’a marqué, ce sont les couleurs, parce que je suis un fan du Canadien de Montréal. Quand ils sont arrivés avec ce bleu, blanc et rouge, c’était spécial pour moi. C’était la Canadian Soccer League (CSL) et plus de 90 % de l’effectif du Supra était composé des joueurs locaux. Je me souviens d’être allé aux matchs avec mon père, de voir des gens de partout à Montréal et du Québec. J’ai trouvé important de moderniser et de faire revivre cette équipe communautaire. Le Supra, c’est quelque chose qu’on veut ramener pour longtemps et finir le travail qui n’avait pas été terminé. »
Placentino va même plus loin : « On va avoir une philosophie, une vision, une mission de club qui représente la communauté. Tous les joueurs québécois qui joueront dans cette équipe ne seront pas seulement des joueurs de PLC, mais deviendront aussi des leaders pour toutes les communautés du Québec. On veut que les jeunes de 8 à 15 ans puissent regarder ces joueurs et se dire : « Un jour, ce sera moi qui jouerai dans cette équipe. » Voilà, c’est vraiment le plan. »
Pour Placentino, cet aspect communautaire n’est pas incompatible avec l’ambition sportive. Le Supra ne vient pas « pour faire de la figuration » dans la PLC. « On veut développer des joueurs de qualité et gagner. On veut obtenir des résultats dans la ligue, mais encore une fois, c’est une équipe d’ici pour ici. »
Du travail sur la table
Le début de saison de la PLC est organisé chaque année au début du printemps. Il ne reste donc que quelques mois pour bâtir le club et les annonces devraient se succéder rapidement dans les prochaines semaines, tant du côté sportif et qu’administratif, dans les affaires et les opérations.
« En octobre, on va choisir le staff de l’équipe première, détaille Placentino, et après ça, on va continuer les négociations avec des joueurs pour commencer à bâtir une équipe selon notre philosophie. En octobre, novembre, décembre, c’est vraiment là-dessus qu’on va se concentrer, puis aller voir tous les clubs et vendre les billets pour cette nouvelle équipe », dit-il.
Le Supra du Québec est né, il va désormais grandir.