Auteur(e) :Quentin Parisis
Le défenseur du Pacific FC, Aly Ndom, est passé par des clubs importants en France et il a connu les plus hautes sphères mondiales. Il a aussi connu les blessures et les galères. Il est à ce titre un joueur “expérimenté”, au sens le plus large du terme. Une expérience qu’il offre désormais à son club, en difficulté en championnat de la PLC, etqu’il complète par une façon de vivre le sport tout à fait différemment de ce côté-ci de l’Atlantique.

Aly Ndom, ancien milieu défensif reconverti en défenseur central, a affronté quelques-uns des plus grands attaquants de la planète, comme Neymar Jr ou Radamel Falcao.

Passé par le Stade de Reims, où il a été formé, l’AJ Auxerre et le Stade Malherbe de Caen, il a cumulé en France une vingtaine de matchs de Ligue 1 et une centaine de Ligue 2.

Il a aussi, malheureusement, connu les blessures. Tout juste arrivé à Caen, alors en Ligue 1, Aly Ndom contracte une sérieuse blessure au genou qui le prive de toute la saison. Au Pacific FC, l’an passé, alors qu’il arrive pour former avec Thomas Meilleur-Giguère l’une des défenses centrales les plus prometteuses de la PLC, son tendon d’Achille le lâche, ce qui le prive là aussi de toute la saison.

Après la France, il a cumulé des expériences qui l’ont mené dans des championnats moins exposés, comme en Roumanie et en Finlande, aux réalités bien différentes des plus grands championnats.

En somme, il connait bien le foot, son business, ses attraits et ses défauts et, pour tout dire, il apprécie d’évoluer au Canada. Il y a cependant vécu, comme plusieurs joueurs européens passés par l’Amérique du Nord, un petit choc culturel.

« L’environnement est professionnel, c’est accueillant, c’est chaleureux, mais l’état d’esprit est différent, explique-t-il. Il n’y a pas de relégation, ce qui amène moins de pression. L’atmosphère dans les tribunes est plus familiale, c’est une sortie, un loisir, et c’est très différent de l’Europe où on met tout de suite “le feu” » dit-il.

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L’Europe, un environnement différent

En Amérique, Aly Ndom découvre qu’on peut vivre le foot - et vivre du foot - sans pour autant vivre dans une pression constante, sans un flot de critiques à la moindre contre-performance, sans avoir peur de faire perdre leur emploi à du personnel administratif en cas de relégation.

À désormais 29 ans, il apprécie cette découverte, cette idée que le foot peut être joué de façon professionnelle, compétitive, ambitieuse, mais qu’il est finalement toujours un jeu pour les joueurs et un divertissement pour les spectateurs.

Il découvre aussi l’importance accordée aux études dans les clubs. Certains de ses coéquipiers, comme Éric Lajeunesse, ou certains de ses adversaires en PLC, cumulent le sport professionnel avec un parcours universitaire.

Une situation quasiment inenvisageable dans les académies ou les effectifs professionnels en Europe, où les jeunes ne pensent qu’au sport, sans se projeter vers un plan B.

« On était à l’école, mais très sincèrement, on ne pensait pas vraiment à ça, reconnait Aly Ndom. Ici, c’est différent, on met le foot et les études sur le même plan, ce qui est très bien d’ailleurs. Ici, les jeunes joueurs semblent plus prêts à la vie d’adulte. En Europe, si tu ne signes pas pros, ça peut faire du mal. En cas d’échec dans le foot, la transition sera sans doute moins dure ici. Pour moi, toute cette façon de voir, c’est une découverte. Ça reste compétitif, mais on le vit différemment. »

Dans un pays où les jeunes joueurs rêvent bien souvent d’Europe, Aly Ndom est bien placé pour savoir que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Bien sûr, les plus grands championnats offrent tout ce qui fait rêver un footballeur, mais ils ne représentent qu’une infime partie des championnats européens, la plus élitiste, et ils masquent des championnats à la gestion parfois bien plus obscure.

« Il y a l’Europe des matchs à la télé et l’Europe un peu cachée. Il faut faire attention et ne pas s’engager trop vite, prévient Aly Ndom. Des fois, jouer à la maison, c’est mieux, vraiment mieux, pour continuer à progresser et même faire sa carrière à la maison. »

Ce qui fait du Canada un environnement assez sain pour un footballeur peut avoir un revers de la médaille pour celui qui rêve de traverser l’Atlantique et fouler les pelouses du vieux continent.

« Cet environnement avec moins de tension, moins de pression, peut être un piège pour les jeunes joueurs qui veulent aller en Europe, explique Aly Ndom. C’est un jeu… mais c’est bien plus là-bas. Il y a de gros enjeux et c’est très concurrentiel. Il faut donc savoir se motiver soi-même », dit-il.

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Au service du Pacific FC

Fort de son expérience et débarrassé de ses pépins physiques, Aly Ndom est un taulier dans la défense du Pacific FC.

Pour lui, faire partie “des anciens” est une découverte, qu’il prend avec un certain recul. « Dans ma tête, j’ai toujours 20 ans », s’amuse-t-il.

Il n’empêche, en ce moment au Pacific FC, la situation sportive n’est pas simple.

Le club est loin d’être la terreur qui lui a permis de remporter la PLC en 2021.

Seulement 6e du classement, avec 8 petits points, après 12 rencontres, le club est distancé. York United, qui occupe la 5e place, la dernière qualificative pour les séries éliminatoires, est 6 points devant. Le leader, l’Atlético Ottawa compte 17 points de plus.

« On essaye d’inverser la tendance, en essayant de garder la même joie. On a des objectifs. On veut accrocher au minimum les séries éliminatoires. On va s’en donner les moyens. Il reste encore beaucoup de matchs, on reste positif et on tire tous dans la même direction. Les résultats n’ont pas été là, mais on le voit à travers les matchs, il y a une nette progression. C’est un groupe très jeune. On va continuer à se battre », prévient-il.

Dans cette quête, il entend continuer à jouer pleinement son rôle. L’an dernier, après son opération, il était resté un mois pendant sa convalescence et restait auprès du groupe chaque jour, prodiguant ses conseils, essayant d’apporter sa plus-value malgré son absence sur les terrains.

« Je suis une personne joyeuse et les gars le sentaient, dit-il. J’essayais de transmettre de bonnes paroles, quelques conseils, une joie de vivre. J’ai essayé de rester impliqué avec le groupe. Je suis revenu en ayant soif de jouer. »

Depuis, il joue, et son équipe a plus que jamais besoin de lui.