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Thomas Vincensini, le gardien efficace et plein de sagesse de York United

En réussite tant d’un point de vue personnel que collectif, le gardien de York United Thomas Vincensini ne veut pas s’emballer pour autant. Oui, York United a la possibilité de faire de très belles choses dans la CPL, mais le vétéran en a vu beaucoup trop au fil de sa carrière pour tomber dans l’euphorie.


En cet été 2024, York United est en pleine réussite. 2e du classement de la CPL, à un point de l’Atlético Ottawa, le club de Toronto reste sur une série de 5 matchs sans défaite. Il a par ailleurs remporté quelques probantes victoires ces dernières semaines, à l’image de celle obtenue sur la pelouse d’Ottawa, 4-1.

Qualifié seulement deux fois pour les séries au cours des 5 premières saisons de la CPL, York United a toutes les chances de remplir cet objectif en 2024. Il compte pour le moment 8 points d’avance sur le 5e, le Vancouver FC. 

Il peut même rêver à mieux étant donné la dynamique actuelle et le peu de points qui le sépare du leader.

Ceci dit, Thomas Vincensini veut garder les pieds sur terre.

« Il faut rester humble, prendre match après match et ne pas se mettre la pression », prévient le gardien de but. 

« Aujourd’hui, c’est Ottawa qui a la pression du résultat. C’est un club qui a investi beaucoup, qui a pris les meilleurs joueurs du championnat pour le gagner. Le Forge FC, c’est pareil, ils ont beaucoup gagné. Nous, on peut être la surprise. On n’a rien à perdre et tout à gagner. Il faut le garder en tête et avancer humblement », dit-il.

Thomas Vincensini n’est pas étranger à la réussite de York. Il est le seul gardien de la CPL, avec Callum Irving du Vancouver FC, à avoir joué l’intégralité des rencontres de son club (1530 minutes).

Avec 46 arrêts, il est à la 3e place du plus grand nombre d’arrêts derrière Jonathan Viscosi (Valour, 50 arrêts) et Callum Irving (Vancouver FC, 48 arrêts). Il a aussi été nommé à deux reprises dans l’équipe de la semaine de la CPL. Une petite renaissance pour ce joueur qui, à désormais 30 ans, a connu les hauts, les bas, les réussites et les galères du ballon rond.

Les bons et les mauvais côtés du foot

Le gardien corse a commencé chez lui, au SC Bastia, dès 6 ans, avant d’y faire toutes ses classes jusqu’à l’équipe professionnelle. Outre son club formateur, il a évolué à Valenciennes et à Lens, avec un petit détour par l’autre club Bastiais, Borgo.

Il goûte à la Ligue 1, à la Ligue 2 et au championnat national (3e division). Il connaît finalement sa première expérience à l’étranger, sur le tard, en Belgique, à Virton. 

Au fil de sa carrière, Vincensini a connu la faillite du SC Bastia, la grogne des supporters, l’instabilité politique et organisationnelle des clubs, le banc, les entraîneurs avec lesquels ça ne colle pas. Il a aussi connu, de façon plus joyeuse, les montées en division supérieure, les bons matchs et la fidélité de certains coéquipiers et entraîneurs.  

Comme pour l’actualité de son club torontois, c’est avec un certain recul et beaucoup d’humilité qu’il juge ce parcours sinueux.

« Dans le football, il y a les tops joueurs et il y a ensuite beaucoup de joueurs, comme moi, qui passent par des hauts et des bas. Au début, ça a très bien démarré, j’ai été pro assez tôt, j’étais numéro 2 en Ligue 1 à 21-22 ans, mais il y a eu la faillite du club, l’agent qui me lâche, le retour dans le milieu amateur, le retour dans le monde pro, les blessures, les prêts, les relégations », dit-il sans amertume.

Thomas Vincensini. (Photo: York United)

Après une saison en Belgique qu’il juge positive d’un point de vue personnel, mais conclu par une relégation, plus rien ne se passe. Le téléphone ne sonne pas et le gardien n’est même plus sur la touche, il est à la maison.

Pendant 6 mois, il envoie des messages et des CV tous azimuts, avant que la situation ne se débloque avec un coup de fil venu du Canada.

Un agent qu’il ne connaît pas vraiment prend contact avec lui. Ils discutent, chacun voit la possibilité de faire quelque chose. Finalement, en « 2 ou 3 semaines », l’accord avec York est bouclé, d’autant que le joueur est attiré par l’Amérique du Nord.

« En Europe, on connaît encore peu le championnat canadien, mais moi je m’y suis toujours intéressé. L’Amérique m’a toujours attiré et c’est une bonne expérience. La vie ici, c’est formidable, c’est une richesse pour la famille », explique-t-il

Un rôle de grand frère

Cette longue et importante expérience, c’est désormais à York United que Thomas Vincensini la met à profit, parmi l’effectif le plus jeune de la ligue (23,7 ans de moyenne d’âge). 

Il est d’ailleurs l’un des membres les plus âgés de l’équipe, juste derrière Mo Babouli, le capitaine, de 7 mois son aîné. 

« J’essaye d’être un grand frère, d’aider les jeunes, d’apporter ce que je peux avec mon humble carrière et ce que j’ai vécu. J’ai plus de responsabilités, plus de choses à dire. Plus jeune, j’ai toujours été dans des groupes où il y avait beaucoup d’anciens donc je me taisais et j’écoutais », explique-t-il.

Alors qu’il reste 11 matchs à la saison régulière, York peut compter sur un groupe en confiance. Le club a beaucoup évolué depuis l’arrivée des nouveaux dirigeants mexicains, arrivés en début de saison, et du coach Benjamin Mora, arrivé sur le banc en lieu et place de Martin Nash après une poignée de matchs.

« Dès le départ, on a vu qu’il y avait de la qualité dans le groupe, explique Vincensini. Le nouvel entraîneur a amené de l’exigence, beaucoup d’agressivité. Il a changé l’état d’esprit du groupe. Ça fait partie de notre dynamique », note-t-il.

Cet état d’esprit lui rappelle celui de sa Corse natale, où l’énergie et la fierté ne sont pas négociables. 

Les dirigeants « essayent d’amener un maximum de personnes qui connaissent cette vision du football. Il y a de plus en plus de personnes d’Amérique latine qui travaillent au club, que ce soit dans l’équipe ou dans l’administratif. C’est positif, car ça amène aussi autre chose au football canadien, ça permet d’avoir une vision des choses différentes, venue de différents horizons », note le gardien.

Un nouveau football, une vision différente de travailler, une expérience partagée pour un objectif commun. C’est ce qu’est venu chercher Thomas Vincensini et c’est finalement ce qu’il a aussi apporté avec lui.

L’assemblage parait parfait. La fin de saison pourra le confirmer.