Arrivé en cours de saison aux Wanderers de Halifax, qui ne sont pas au mieux en championnat, Clément Bayiha considère que son équipe n’a plus rien à perdre. Il faut donc désormais compter sur une équipe décomplexée pour cette fin de saison, qui jouera tous ses matchs comme le dernier.
Il ne faut pas se le cacher : Halifax va mal en CPL. Les Wanderers sont derniers avec 16 points. C’est 7 points de moins que le 5e et dernier qualifié pour les séries, le Vancouver FC.
Ils ont aussi perdu 4 de leurs 5 dernières rencontres, dont le duel face à Valour, l’un de ses principaux concurrents pour une place dans les séries. En 2024, ils n’ont remporté que 4 victoires en 18 matchs. Pas très rassurant, alors que la fin de la saison régulière approche.
Il faut cependant y croire. « Il reste dix matchs et tout peut encore basculer », estime Clément Bayiha. Malgré la saison très difficile, l’ailier québécois considère qu’il « y a espoir que la saison tourne et qu’on fasse les séries. »
À Halifax, pour cette fin de parcours, les joueurs ont opéré un virage mental. « On se dit qu’on n’a plus rien à perdre. On y va un match à la fois, en bossant dur. On va tout donner, car on ne veut pas arriver en fin d’année en se disant qu’on a fait une mauvaise année. On ne veut pas de regrets. C’est notre état d’esprit. C’est la dernière ligne droite, on fonce », professe-t-il.
Souvent battus – 10 défaites; seul Valour a plus perdu (11 fois) – les Wanderers ont, selon Bayiha, un problème d’ordre mental.
« On a du mal à gérer nos émotions », explique l’ailier, qui illustre son point par le nombre de cartons rouges reçus cette saison. « 4 cartons rouges, c’est énorme dans une saison [c’est le plus haut total dans la ligue; NDLR]. Dès qu’on prend un but, mentalement, c’est difficile, d’autant qu’on voit qu’on joue bien. On joue parfois trop naïvement et les erreurs nous tuent », détaille-t-il.
L’heure est au travail et à un état d’esprit déterminé. « Notre mentalité maintenant c’est “Quand on tombe, on se relève” », raconte Clément Bayiha.
Des leaders apparaissent
Dans ce marasme sportif, le groupe œuvre à rester soudé. Les joueurs, qui pour la plupart ne viennent pas de la région, essayent de s’aérer l’esprit quand c’est possible, de profiter de la ville « qui est agréable » et d’aller à la mer, qui n’est pas loin. Des petits moments d’évasion qui peuvent faire la différence.
Dans cette saison difficile, des leaders se sont révélés, ont donné plus de voix.
Zachary Fernandez est l’un de ceux-là. « Quand je l’ai connu à l’académie, à Montréal, il était un jeune, mais là il joue, il donne de la voix. C’est un apprentissage. Il y a des leaders qui se forment. On ne voulait pas une année comme celle que l’on connaît, mais les apprentissages peuvent être bénéfiques. On se remonte le moral et sur le terrain, on se donne à fond », explique Clément Bayiha.
Les quatre prochains matchs seront révélateurs des ressources morales du groupe.
Halifax va recevoir trois fois, ce qui, avec un public nombreux et fidèle, est un avantage. Mais les adversaires seront coriaces, puisqu’il s’agit des trois équipes de tête, qui viendront tour à tour en Nouvelle-Écosse : l’Atlético Ottawa, York United et le Forge FC.
Le 4e match sera sur les berges de l’autre océan, sur l’île de Victoria, face Pacific FC. Ce ne sera pas simple non plus, car il s’agit d’un adversaire direct pour la qualification. Un vrai match à 6 points.
Un avenir à déterminer
Une qualification pour les séries, possible mais mal embarquée, remettrait sans aucun doute de la couleur à la saison, tant pour le club que pour Clément Bayiha, qui a connu quelques contrariétés en 2024.
« Quand je suis arrivé en début de saison [à York, où il a débuté avant d’être prêté à Halifax en juin], je voulais tout casser. Je voulais vraiment confirmer pour ma 2e année, mais je suis arrivé avec quelques pépins physiques. Je me suis peut-être trop entrainé pendant la saison morte. Je m’entrainais deux ou trois fois par jour, sans doute beaucoup trop, et j’ai eu tout au long de l’année des petits bobos. Ça m’a ralenti. Mon arrivée à Halifax a été un petit boost, j’ai retrouvé le sourire les premiers matchs, ça m’a fait du bien. Malheureusement, j’ai encore eu une blessure, donc c’est vrai que cette année a été différente de ce que je pensais. Ce sont des leçons », philosophe-t-il
À 25 ans, Clément Bayiha est dans la dernière année de son contrat. Pour le moment, aucune discussion n’a été entamée avec quiconque. Il se concentre sur la fin de saison, d’autant que les dix derniers matchs peuvent faire varier grandement le portrait de cette année.
« À Montréal, quand je n’ai pas eu mon option, j’ai eu un stress, mais maintenant, je suis un peu plus âgé. Oui, j’y pense, mais il n’y a pas de stress à proprement parler. J’essaye de penser au jour le jour. Je veux avant tout me concentrer sur moi et sur mes prestations », explique-t-il. Pour son bénéfice, comme pour celui de son club.