En pleine forme, le Forge FC aborde la double confrontation face au CF Montréal avec l’ambition de “faire un coup”. Il a quelques arguments à faire valoir, d’autant que son début de saison est excellent.
Ce n’est pas un secret, le Forge FC, adversaire du CF Montréal en quart de finale du championnat canadien, est une des meilleures équipes de la CPL.
Il n’a cependant peut-être jamais été aussi fort.
Trois matchs, trois victoires; le meilleur passeur; plusieurs co-meilleurs buteurs; une des meilleures attaques; un défenseur leader dans les interceptions; un jeune gardien qui réalise des prouesses; le vainqueur du trophée du meilleur joueur de la CPL en avril, mais aussi celui du meilleur entraîneur…Voilà, pêle-mêle, quelques éléments qui permettent de situer le Forge FC en ce début de campagne 2024 de la CPL.
« Cette année, c’est l’année où on a commencé le plus fort depuis la création du club », assure David Choinière, qui a intégré le Forge FC en 2019, en provenance du club qu’on appelait jadis l’Impact de Montréal.
« On a fait une grosse préparation pour affronter Chivas en Coupe des champions de la Concacaf en février. Ça fait en sorte qu’on est très performants en ce moment », détaille-t-il pour expliquer les bonnes dispositions de son équipe.
Avec 7 buts marqués en 3 rencontres, le Forge FC utilise à plein régime le potentiel de ses attaquants. Dans ce quatuor, composé de Choinière, Tristan Borges, Béni Badibanga et Terran Campbell, dans lequel Jordan Hamilton vient s’ajouter, ça joue vite, ça combine.
« Il y a beaucoup de fluidité dans notre jeu, car on se comprend bien et on adore jouer ensemble. Aucun n’est égoïste et chacun a la volonté d’aider l’autre. Chacun a ses bons moments. Un jour l’un va marquer et pas l’autre, et un autre jour ce sera l’inverse. On a vraiment la volonté de rester solidaire. Chacun a aussi ses forces et ses faiblesses et on essaye au maximum de se compléter », dit-il au sujet de la chimie qui opère dans ce secteur.
Statistiquement, l’alchimie se transforme en chiffres très intéressants pour chacun des membres de l’équipe.
Choinière, Borges et Badibanga ont chacun trouvé deux fois le fond des filets en trois rencontres de CPL. En championnat canadien, lors du tour précédent contre York (3-1), c’est Jordan Hamilton qui s’est offert un doublé, tandis que le 3e but a été signé…David Choinière.
S’il fallait cibler un joueur à surveiller particulièrement, nul doute que Tristan Borges serait celui-ci. Le natif de Toronto, en plus de ses deux buts marqués, compte trois passes décisives. Jamais dans l’histoire de la CPL un joueur n’a eu un tel impact et de telles statistiques sur les 3 premiers matchs.
Il mène aussi la danse au chapitre des chances créées (9) et des passes réussies dans le tiers adverse (55). Des performances qui lui ont permis de faire partie des équipes de la semaine en CPL à chaque journée depuis le début du championnat.
Sur le terrain, Borges, plutôt axial, et Choinière, plus latéral, échangent souvent leurs positions au cours des matchs, l’un évoluant au milieu et l’autre trouvant de l’espace sur l’aile.
Son entente avec le nouvel arrière latéral, Daniel Parra, est aussi très intéressante et permet aux deux joueurs de se mettre en valeur. Si Borges a été 3 fois membre de l’équipe de la semaine, Parra l’a été à deux reprises.
Une défense qui tient la route, mais non sans faille
Outre Daniel Parra, défensivement, le Forge FC peut compter sur plusieurs forces.
Le jeune anglais Owolabi-Belewu (21 ans, 1m88, 88kg) a enfilé le costume de roc de la défense jadis porté par Manjrekar James. Plutôt latéral droit l’an passé, il a suppléé Garven Metusala, indisponible en début de saison, pour grappiller du temps de jeu en défense centrale.
Il est aujourd’hui le leader au classement des interceptions dans la CPL, avec 11 interceptions.
« C’est quelqu’un d’extrêmement athlétique. Il a une force physique incroyable. Dans les duels, il a beaucoup d’impacts. Il est très dur en un contre un », prévient David Choinière.
« Il est en train de mûrir, d’autant que défenseur central est sa position initiale. Au début, il a pu commettre quelques erreurs en raison de son manque d’expérience, mais il commence à en acquérir, à comprendre certaines choses. Il est encore jeune et doit bien sûr travailler, mais tout cela le rend très intéressant. »
Dans les buts, les observateurs apprennent aussi à connaître le jeune Chris Kalongo, qui a réussi à rapidement faire oublier Triston Henry, l’ancien titulaire du poste.
Le jeune gardien de 22 ans, présent au club depuis 2022 a tranquillement grandi dans l’ombre de Triston Henry avant d’étaler la qualité de ses réflexes et de son placement cette année. Très convaincant, il a été nommé à deux reprises gardien de la semaine et a été élu gardien du mois d’avril.
« Chris a été très patient et il a saisi sa chance, relate Choinière. C’est quelqu’un de très serein, très posé dans ses décisions. Il est très tranquille. C’est sa personnalité. Il fait un excellent début de saison. Tu vois qu’il est en train de prendre la confiance du numéro 1. Ça lui a fait du bien d’être en mesure de prouver et de se prouver à lui-même qu’il était capable d’être le titulaire. Il le mérite et ce n’est que le début pour lui. »
Ces différentes composantes ne sauraient cacher quelques failles.
Sur les 19 derniers matchs à domicile, le Forge FC a concédé 11 fois le 1er but. Mais attention, la saison dernière, les joueurs de Hamilton ont récolté 13 points après avoir accordé le 1er but à domicile. Cette année, c’est arrivé une fois, face au Cavalry, et ils ont finalement gagné.
Malgré le fait que Forge « essaye souvent de commencer très fort », il lui arrive parfois inconsciemment de relâcher un peu la pression si la conclusion n’a pas été au rendez-vous, selon David Choinière.
Sans complexe face au CF Montréal?
Pour la quatrième année consécutive, le Forge FC affrontera le CF Montréal en championnat canadien. Un match désormais presque comme les autres, car, désormais, Forge en a vu d’autres. Le club a participé à trois éditions de la Ligue Concacaf et à deux éditions de la Coupe des champions Concacaf.
« Il y a peut-être moins d’excitation qu’avant, mais c’est positif. Avant, on entamait ce match-là comme LE match de la saison. On voulait prouver beaucoup, mais on est maintenant beaucoup plus calmes, beaucoup plus sereins. On a pris confiance et on a un momentum en ce moment », explique David Choinière.
L’histoire ne penche cependant pas pour la formation ontarienne. Forge n’a jamais battu une équipe de la MLS, perdant également contre le Toronto FC aux tirs au but lors de la finale du Championnat canadien 2020 au Tim Hortons Field.
Est-ce dire qu’il y a là un plafond de verre du côté de Forge? Pas nécessairement, car le Forge FC est déjà passé à un doigt de sortir Montréal. C’était en 2021, en demi-finale, ne s’inclinant qu’aux tirs au but face à Sebastian Breza.
Le format du Championnat 2024 ne devrait pas non plus être un allié, puisque, cette année, la confrontation se réalise dans un match aller-retour. Une situation souvent plus favorable aux favoris, qui peuvent éventuellement se reprendre après un éventuel exploit lors du match aller.
« On a la chance de jouer à la maison pour le premier match, avec un public nombreux (on attend plusieurs milliers d’enfants venus des écoles des environs, NDLR). Le match est à 11h du matin et Montréal vient de jouer un match à Nashville, donc ça peut être un bon moment pour faire un bon résultat à la maison », explique David Choinière.
« À chaque fois qu’on a joué au Stade Saputo, on a perdu 2 ou 3-0, donc on sait que le match aller est super important pour avoir une chance d’accéder aux demi-finales. On aimerait pouvoir venir au stade Saputo avec une avance, mais quoi qu’il arrive, on saura s’adapter à la situation », prévient-il.
Et en coupe, tout est possible. Les Montréalais du CS Saint-Laurent peuvent en témoigner auprès de leur voisin du stade Saputo.