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Juan Córdova : la confiance tranquille

Quand il a fait ses débuts avec la sélection canadienne sénior, en juin 2017, Juan Córdova était très fier de pouvoir représenter les couleurs d’un pays qui avait si bien accueilli sa famille lorsqu’elle avait décidé de quitter son Chili natal, il y a plusieurs décennies déjà.

Depuis, la fierté et le sens d’appartenance de ce binational pour l’unifolié n’ont fait que se bonifier, au même rythme où le programme masculin canadien gagne en confiance, fort d’une génération dorée qui semble enfin prête à franchir un cap historique pour le pays sur l’échiquier international.

Le latéral gauche de 24 ans est habitué aux maillots rouges, lui qui a porté La Roja chilienne chez les U20, avant de voir l’opportunité de poursuivre sa carrière internationale chez Les Rouges, sous les ordres d’Octavio Zambrano. Après le départ précipité de l’Équatorien, son successeur, John Herdman, l’a tout de même gardé dans son radar.

« C’est ma deuxième convocation avec John, je connaissais déjà quelques coéquipiers de la fois qu’Octavio m’avait convoqué, mais maintenant je connais presque tout le monde, je me suis très bien adapté au groupe, on a une bonne communication et on s’entend très bien, et ça me réjouit beaucoup! », assure Córdova au bout du fil depuis Toronto, où il attend impatiemment le match de mardi soir face aux États-Unis.

Bien qu’il soit conscient de la qualité de cette cuvée canadienne, il est très confiant de pouvoir y occuper un rôle important plus tôt que tard.

« Ici j’ai trouvé une excellente génération de footballeurs. Beaucoup de jeunes joueurs qui évoluent dans de grands clubs, qui connaissent de bons moments dans leurs ligues respectives. Cette réalité fait qu’aujourd’hui nous avons une si grande marge de progression et que nous pouvons être confiants de qualifier à la prochaine Coupe du monde. »

« C’est très important pour moi d’être considéré dans cette sélection, car il y a énormément de compétition à chaque poste. C’est extrêmement difficile se faire une place sur le onze partant, mais c’est aussi une très grande fierté et j’attends ma chance avec impatience. »

Grâce à cette même confiance, et à une éthique de travail irréprochable, Córdova a fait ses débuts professionnels au pays d’Alexis Sánchez, avec Unión San Felipe, alors qu’il n’était âgé que de 16 ans. C’est aussi de cette manière qu’il est récemment devenu un indispensable à Huachipato, en première division chilienne.

« La saison dernière j’ai débuté les huit premières semaines sur le banc, ensuite le coach m’a fait jouer en latéral gauche et j’ai terminé la première portion du championnat à ce poste, se remémore-t-il. Ensuite il y a eu un changement d’entraîneur, et Gustavo Florentín m’a titularisé dès le départ. J’ai joué tous les matchs à un très bon niveau tout en consolidant ma place comme un morceau important au sein de l’équipe. »

Cette série de deux matchs face aux États-Unis, pour le Groupe A de la Ligue des nations de la Concacaf –dont le deuxième sera disputé à Orlando, le 15 novembre prochain–, pourrait bien être l’opportunité que Córdova attend pour continuer son épanouissement professionnel, sur la scène internationale cette fois.

Des affrontements qui revêtent par ailleurs un double enjeu pour la troupe canadienne : se mettre en bonne position dans le processus éliminatoire pour le mondial du Qatar demeure l’objectif premier. D’avoir l’opportunité de se mesurer à un rival de l’envergure des États-Unis est tout aussi crucial pour que ce groupe prometteur puisse atteindre cette éclosion tant attendue.

« C’est exactement ce dont nous avons besoin pour montrer au monde de quoi nous sommes faits, convient Córdova. Jouer contre des nations de grand niveau c’est ce qu’on recherche, afin de gagner du respect et de nous faire connaître. Avec tout respect, ce n’est pas la même chose battre les États-Unis que la Martinique, ou ce type de pays qui n’ont pas de ligue de haut niveau. C’est la seule façon d’évaluer nos progrès. »

Liam Millar, Alphonso Davies and Juan Córdova. (Canada Soccer).
Liam Millar, Alphonso Davies and Juan Córdova. (Canada Soccer).

Dans cet ordre d’idées, le jeune latéral est très enthousiaste quant à mise sur pied de la Première Ligue Canadienne, l’une des bases qu’il manquait à l’évolution du programme masculin. Une ligue dans laquelle il se verrait bien jouer dans quelques années par ailleurs.

« J’ai quelques amis qui évoluent en CPL, en ce moment nous avons aussi un coéquipier en sélection qui y joue [Amer Didic, du FC Edmonton], et on m’en dit énormément de bien. Pour le moment je suis son évolution avec beaucoup d’intérêt, c’est une ligue qui n’en est qu’à ses débuts, mais dans le futur pourquoi pas? Je ne ferme pas du tout la porte, même si aujourd’hui mes priorités sont ailleurs. »

Alors que le Canada s’apprête à disputer des matchs aussi cruciaux, face à une équipe qu’il a battu pour la toute dernière fois en 1985, on ne peut que souhaiter que cette confiance tranquille que respire Juan Córdova puisse être contagieuse au sein d’un groupe certes talentueux, mais qui a encore besoin de prouver sa réelle valeur sur les plus hautes scènes internationales.