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Jérémy Gagnon-Laparé, la force tranquille au service de York United

Après un début de saison tronquée par une blessure, Jérémy Gagnon-Laparé est indéboulonnable dans l’entrejeu de York United. Son club, à la lutte pour une place en séries éliminatoires de la CPL, aura besoin de son important vécu et de son précieux pied gauche pour remplir son objectif.

À six journées de la fin du championnat régulier, York est virtuellement qualifié pour les séries éliminatoires. 

5e, à 7 points du leader, le club de l’Ontario dispose du même nombre de points que l’Atletico Ottawa, 4e, et des Wanderers de Halifax, 6e.

Une situation qui promet une fin de saison passionnante dans cette bataille pour la qualification, même si York a joué un match de plus que ses adversaires directs.

“Ça nous force à aborder les matchs avec beaucoup d’urgence, du bon stress, une bonne pression, explique Jérémy Gagnon-Laparé. Depuis deux semaines, on sait que si on perd un match, ça va être très compliqué pour notre équipe, d’autant que ce match en plus joue un peu contre nous. On est en vie, mais on ne regarde pas trop loin, on met le focus sur le match à venir.”

Auteur d’un début de saison terrible, avec 4 défaites lors des 5 premières rencontres de la saison, York United a fini par trouver son rythme de croisière et revenir dans la course à la qualification. 

Un retournement de situation qui n’avait pourtant rien d’évident, mais qui a été surmonté. Pour stopper l’hémorragie, l’équipe s’est prise en main, a pris une initiative qui s’est révélée salvatrice. 

“On a eu un bon meeting avant le match à Halifax (remporté 3-0). Ça n’allait pas comme on voulait, il y avait des accrochages à l’entraînement, un peu de pression avec nos résultats malgré la qualité de l’effectif. Donc, nous, les joueurs, on s’est fait une mise au point entre nous, tous réunis, quant à l’attitude à avoir, à l’éthique de travail. À partir de ce moment-là, il y a eu un plus de solidarité, de réussite, de travail, de chance”, détaille-t-il. 

Cette reprise en main a aussi coïncidé avec le retour de Jérémy Gagnon-Laparé dans l’effectif. Blessé à la cheville dans les premières journées (seulement 30 minutes sur les 8 premières journées), il n’a ensuite plus quitté le terrain, à l’exception de la rencontre face à Halifax fin juillet, en raison d’une accumulation de cartons jaune.

Un stabilisateur au sein d’une équipe irrégulière

Installé au cœur du jeu, Gagnon-Laparé a connu, tactiquement, deux phases dans sa saison. Dans la première partie, le joueur de 28 ans s’est positionné un peu plus bas sur le terrain, avec un joueur à ses côtés, et un troisième un peu plus haut. 

Depuis quelques matchs, son coach, Martin Nash, a un peu rebattu les cartes, en ne laissant qu’un seul joueur devant la défense, mais avec deux relayeurs, dont Gagnon-Laparé. 

“Ces derniers matchs j’ai un rôle un peu plus offensif, mais la défense fait partie de la tâche. Le focus défensif reste un point important, tant sur le pressing, que le repli ou l’organisation”, note-il.

Il faut dire que York a la particularité d’être friable défensivement. Avant-dernière défense de la ligue cette saison, le nombre de buts encaissés est un problème récurrent. 

(Photo: Sheldon Mack/Pacific FC)

Si l’on exclut la saison 2020 sur l’Île-du-Prince-Édouard, York s’est constamment classé parmi les trois derniers de la ligue à ce chapitre depuis 2019.  C’est aussi une équipe marquée par une certaine irrégularité.

Capable de gagner 3-0 à Halifax après avoir perdu 4-1 à Pacific, ou encore de perdre 4-0 à domicile contre Forge avant d’aller faire match nul sur le terrain du Pacific FC, York United a multiplié les hauts et les bas.

Cette situation l’a empêché d’atteindre les hautes sphères, mais en parvenant néanmoins à se maintenir en course pour les séries. 

Une irrégularité que Jérémy Gagnon-Laparé explique – en partie – par l’accumulation de blessures qui a touché l’effectif et la difficulté à aligner deux fois la même équipe sur le terrain. 

Or, c’est une situation qui se poursuit, pour d’autres raisons. “Maintenant, on a un enjeu avec les minutes U21 donc ça force le coach à jongler avec les joueurs [Les règlements de la ligue imposent un nombre de minutes de jeu pour les U21 chaque saison, NDLR]. On n’a pas toujours eu la même équipe sur le terrain, ça manquait peut-être un peu de continuité. On a une très belle équipe capable de gagner des matchs, mais il est aussi arrivé qu’on soit passé à côté”, reconnaît-il.

Un beau parcours et toujours de l’ambition

Dans cette fin de saison à suspens pour l’équipe de l’Ontario, l’expérience acquise par Jérémy Gagnon-Laparé sera sans aucun doute un atout. 

Certes, à York, il n’est pas le seul joueur avec une belle feuille de route, puisque certains de ses coéquipiers comme Mo Babouli, Niko Giantsopoulos ou Roger Thompson ne manquent pas non plus d’heures de vol.

Cependant, l’homme a joué plus de 200 matchs professionnels depuis 2013, compte des expériences en MLS, en USL, en NASL, dans les divisions inférieures françaises et en CPL. Un parcours qu’il met à profit aujourd’hui, surtout d’un point de vue psychologique.

“Ce parcours m’a beaucoup formé. Je suis quelqu’un d’assez réservé et ma carrière m’a aidé à m’ouvrir”, dit-il, avant de poursuivre : “Je me connais beaucoup mieux comme personne, je suis capable de mieux réagir en fonction des évènements, de mettre les choses en perspective, de ne pas paniquer. Les années loin de la maison m’ont aussi fait grandir.”

Désormais bien installé dans le circuit, Gagnon-Laparé n’en a cependant pas fini avec les ambitions. Celui qui se dit “heureux de pouvoir jouer dans une ligue professionnelle dans son pays” veut pleinement “y laisser sa marque”, avant de pouvoir, pourquoi pas, retrouver l’équipe nationale. Une « idée qu’il a dans un coin de sa tête ». Il compte 5 sélections et, après tout, il n’y a pas tant de milieux gauchers dans la troupe du nouveau sélectionneur, Mauro Biello.

Une ambition qui passera par de hautes performances avec York. Ça tombe bien, tout reste jouable avec son club.