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Jefferson Alphonse des Wanderers a bien mérité son premier contrat

Après plusieurs opportunités et rendez-vous manqués, le défenseur montréalais Jefferson Alphonse a enfin signé son premier contrat professionnel, aux Wanderers de Halifax. Une issue heureuse pour un joueur talentueux, qui a parfois joué de malchance dans sa quête du professionnalisme.


Nous sommes le 1er juillet 2024, au Wanderers ground de Halifax, où l’équipe locale affronte le Cavalry. Le score est de 1-0. Il ne reste qu’une poignée de minutes au match quand Jefferson Alphonse, tout juste 21 ans et fraîchement arrivé dans les Maritimes, s’apprête à rentrer. Cet instant, le natif d’Anjou a longtemps espéré l’obtenir, mais, malgré cela, il reste serein.

« Je ne suis pas quelqu’un qui stress beaucoup, explique-t-il. Le coach m’avait prévenu les jours précédents que j’allais rentrer à la fin. Je n’étais pas indifférent, parce que ton premier match professionnel c’est toujours quelque chose, mais je n’avais pas de pression. Je voulais faire ce que j’avais à faire, dans un match comme les autres. »

Ce n’était pourtant pas tout à fait un match comme les autres, car, après avoir réalisé toute sa formation au CF Montréal, avoir obtenu plusieurs essais en CPL et avoir participé à l’épopée du CS Saint-Laurent en championnat canadien, le voilà enfin dans le monde professionnel.

Il a rejoint les Wanderers de Halifax jusqu’à la fin de la saison, avec deux ans d’option. 

Des retrouvailles avec l’équipe qui est tombée sous le feu du CS Saint-Laurent en Championnat canadien, mais pas seulement, puisque les Wanderers sont de vieilles connaissances.

Ses premiers contacts remontent à 2022. Il est pris à l’essai et fait des matchs avec la réserve en 2023, mais l’affaire ne se conclut pas. Le championnat canadien 2024 et ses prestations XXL ont cependant changé la donne.

« Après le Championnat canadien, je suis parti une semaine à Calgary pour y passer un essai. Tout s’est bien déroulé, mais il y a eu des enjeux de gestion d’effectif. Entre temps, Halifax a appelé et ça s’est fait très vite. On m’a appelé le mercredi et le vendredi j’étais dans l’avion », dit-il.

Pour lui, comme pour Loïc Kwemi et Safwane Mlah à Valour, le Championnat canadien a été “déterminant”, puisqu’il est diffusé à grande échelle et offre une visibilité inédite pour les joueurs de ligue provinciale. Il a pu profiter pleinement de cette exposition qui s’était, jusqu’alors, refusée à lui,

Il est désormais un joueur des Wanderers, qui luttent pour une place en séries éliminatoires de la CPL.

(Trevor MacMillan/HFX Wanderers FC)

Prouver à Halifax

Jefferson Alphonse est en concurrence en défense centrale avec Dan Nimick, Julian Dunn et Cale Loughrey. Sa polyvalence peut néanmoins lui offrir des minutes à la position de latéral.

Il se sent à l’aise dans les différents postes défensifs, ce qui peut l’aider à convaincre son coach de faire appel à lui. Il sait qu’il a des choses à prouver.

« Un contrat, c’est toujours bien, mais on ne peut pas encore dire que le moteur a démarré. il faut que je joue, que je fasse de bonnes prestations et là on pourra dire ça. Je n’ai que quelques minutes de jeu. En si peu de temps, tu ne prouves rien à qui que ce soit », rappelle-t-il.

Il ne lui a pas fallu longtemps cependant pour saisir l’opportunité.

À son deuxième match, contre York United, il obtient 9 minutes, mais il est à l’origine de la réduction du score de son équipe. Il remporte son duel de la tête au milieu du terrain face à Brian Wright, le meilleur buteur de la ligue. Cette relance permet à Ryan Telfer de combiner, avant d’être lancé dans la profondeur et de marquer.

De bonnes prédispositions qui peuvent désormais pleinement s’exprimer, après être restée longtemps à l’entrée du monde professionnel.

Formé à Montréal, il n’a pas eu l’opportunité de signer en MLS. Il est ensuite passé proche de signer en CPL à plusieurs reprises, mais le timing n’a jamais été idéal. Il rejoint alors les rangs de Saint-Laurent en Ligue1QC, tout en commençant à évaluer ses possibilités hors football.

« J’ai passé 5 ans au CF Montréal et je me suis retrouvé finalement à Saint-Laurent. C’est sûr que ce n’est pas forcément facile en sortant de l’académie et tu demandes quelle va être la suite. Les essais, c’est un peu pareil. Pour moi, j’ai toujours été bon pendant mes essais, je sentais que je méritais mon contrat, mais pour diverses raisons, ça ne s’est pas fait. J’ai toujours eu confiance dans mes habiletés et j’espérais avoir ma chance. En voyant mon âge avancer, je me disais qu’il fallait commencer à réfléchir à faire autre chose que du foot. Il fallait être réaliste. Si à 22 ans ça ne passait pas, je comptais vraiment me concentrer sur l’école. »

Telle est la réalité de bon nombre de joueurs formés mais finalement non conservés. Du jour au lendemain, ces jeunes se retrouvent sans contrat, sans structure et sans forcément un grand réseau de contacts.

« Quand cette aventure se termine, tu te poses forcément des questions, explique Jefferson Alphonse. Tu n’es pas habitué à avoir un rythme comme les autres joueurs de ton âge à aller à l’école toute la journée, etc. Quand tu arrives en fin de formation et que tu ne signes pas, tu te poses beaucoup de questions sur ton avenir. Psychologiquement, c’est dur. Dans ces moments-là, il est important d’avoir un bon entourage pour te pousser à continuer. Plusieurs gars que je connais ont lâché, sont retournés à l’école ou travailler. C’est dommage parce qu’il y a beaucoup de talents. »

Aujourd’hui, cette période est derrière lui. Bien sûr, il y a « un soulagement », mais, prévient-il « ça s’arrête là. »

« Maintenant, il faut gagner du temps de jeu pour montrer que je peux jouer au plus haut niveau. »

Ça (re)commence dès le prochain match des Wanderers, contre Valour, ce 18 juillet.

(Trevor MacMillan/HFX Wanderers FC)