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TORONTO – C’était un résultat attendu depuis 34 ans.
La sélection masculine canadienne a remis les compteurs à zéro, mettant derrière un historique de plus de trois décennies d’insuccès face aux États-Unis, avec une victoire convaincante de 2 à 0, mardi soir, en Ligue des nations de la Concacaf, devant une foule de 17 126 supporters, rassemblés au BMO Field de Toronto.
Alphonso Davies et Lucas Cavallini ont été les marqueurs canadiens, permettant aux Rouges d’accrocher une toute première victoire sur les États-Unis depuis avril 1985.
Depuis cette lointaine défaite de 2 à 0 à Vancouver, il y a plus de 34 ans, les Américains avaient cumulé un dossier de 9-0-8 face au Canada. Mais un nouveau chapitre a été ajouté à cette histoire unidirectionnelle, avec Davies, la jeune sensation du Bayern Munich, en figure de proue de la version la plus dynamique et dangereuse que la sélection masculine nous ait donné depuis très longtemps.
Le sélectionneur canadien, John Herdman, a encensé ses joueurs pour les efforts herculéens qui ont mené à cette victoire historique, tout en avertissant que ce n’est qu’un avant-goût de ce qui s’en vient pour Les Rouges.
« Ce n’est qu’un pas. Ce n’est qu’une tout petite goutte dans l’océan de ce que j’imagine pour cette équipe. Ce n’est que le début », a assuré Herdman, dans un point de presse d’après-match émotif.
À quel point c’est gros pour le Canada ? C’est très gros. Cette victoire ne fait pas qu’augmenter ses chances d’entrer au « Hex », pour tenter de se qualifier directement à la Coupe du monde de 2022, elle laisse également l’unifolié en très bonne position pour disputer la finale de la Ligue des nations.
Le Canada domine le Groupe A avec 9 points, devant les États-Unis (trois points) qui ont néanmoins un match en main. Ces deux nations croiseront encore le fer le 15 novembre prochain, à Orlando, et un match-nul suffirait aux canadiens afin d’assurer leur place pour cette grande finale, disputée l’été prochain.
Mais au-delà des calculs, cette victoire envoie un message fort aux légions de partisans canadiens, longuement éprouvés par tant de fausses illusions et de tentatives ratées d’entrer à la grande fête de la Coupe du monde. Un message d’espoir authentique et étoffé.
« Nous avons marqué l’histoire ce soir, mais notre travail n’est pas terminé. Nous les affronterons encore le mois prochain, alors notre focus est de savoir si nous sommes capables de répéter en novembre ce que nous avons fait ce soir », a nuancé Davies, qui a souligné que son but gagnant était le plus important de sa carrière.
« C’est un message clair pour le soccer canadien, parce que nous savons que nous avons de bons joueurs dans cette équipe et nous l’avons prouvé ce soir. », a enchaîné le jeune prodige canadien.
Si le but de Davies est un point tournant, il y a tout plein de belles choses à retenir de la performance canadienne, dont notamment la contribution des joueurs de soutien. Le destin du Canada ne repose assurément pas que sur les épaules de la jeune star du Bayern Munich, qui avait reçu le feu vert de Herdman pour exploiter ses instincts offensifs face aux États-Unis.
« Pour [Davies], il s’agit seulement d’aller sur le terrain et de faire ce qu’il fait de mieux. C’est ce que j’ai vu ce soir, a expliqué Herdman. Il se sentait libre, et ça fait plaisir à voir. Je crois aussi que la compétition interne au sein de l’équipe fait en sorte qu’il ne peut se permettre de ralentir. Nous avions Cavallini et [Junior] Hoilett sur le banc, et nous avons aussi le jeune [Jonathan] David. C’est très compétitif et excitant »
L’entraîneur américain, Gregg Berhalter, a donné crédit aux canadiens pour la qualité de leur performance, soulignant, à plus d’une reprise, que l’équipe locale avait démontré un plus grand désir de vaincre que son équipe.
« Quand je regarde ce match, la première chose qui ressort c’est l’envie, L’envie du Canada. Il faut leur donner crédit, mais, cela étant dit, on s’attend à au moins être en mesure de niveler cette envie et nous avons besoin de nous battre sur chaque action dans ce type de match », a regretté Berhalter.
« Je n’étais pas heureux avec l’envie démontrée ce soir. »
Le Canada a déployé un 4-2-2-2 compact, avec Mark-Anthony Kaye et Samuel Piette comme piliers du milieu, Scott Arfield et Jonathan Osorio plus avancés, puis David et Davies en fer de lance, devant.
Herdman s’est vu forcé d’effectuer un changement précoce, après que Kaye ait dû quitter le terrain en boitant, visiblement endolori au niveau de l’ischio-jambier. Liam Fraser a fait ses débuts internationaux en le remplaçant à pied levé, livrant une solide performance face à son mentor et coéquipier au Toronto FC, Michael Bradley.
Le Canada est présentement 75e dans le classement FIFA, loin des États-Unis (21e). Ce fossé numérique semblait pourtant inexistant en regardant les canadiens dominer la visite sur la pelouse du BMO Field.
Le duo dynamique Davies-David s’est bien servi de sa vitesse et de son mouvement rapide en possession pour causer nombre de problèmes à la défense américaine en première demie, mais la finition lui a cruellement manqué. Davies n’a pu que diriger quelques tirs faibles vers la cage adverse, tandis que David a raté une opportunité en or, après avoir vu son tir à bout portant bloqué par le gardien Zach Steffen, puis le retour subséquent filer hors-carde, à quelques pouces du second poteau.
Après avoir été dominée sur les 45 premières minutes, les visiteurs sont sortis plus forts en deuxième demie. Christian Pulisic s’est frayé un chemin à travers la défense canadienne et a forcé Milan Borjan à effectuer un arrêt à deux mains, sur un tir à la porte de la petite surface.
Après avoir traversé cette petite tempête, l’équipe locale a brisé l’impasse. Fraser a joué un ballon dans la surface pour Arfield, qui a livré un centre de grande qualité au deuxième poteau, où Davies s’est imposé sur deux rivaux pour pousser le ballon dans une cage béante.
Quelques minutes plus tard, Davies et David cédaient leurs places à Hoilett et Cavallini.
Le Canada a continué de mettre les Américains sous pression, permettant à Lucas Cavallini de doubler l’avance dans les arrêts de jeu d’un tir foudroyant, après une belle pièce de jeu de Jonathan Osorio.
NOTES: Le défenseur du FC Edmonton, Amer Didic, le deuxième joueur de la CPL à être sélectionné par le Canada (après le gardien du Cavalry FC, Marco Carducci) n’a pas disputé de minutes mardi. L’étoile canadienne du tennis, et championne en titre du US Open, Bianca Andreescu, a assisté à la victoire du Canada au BMO Field…